6.3.4 - Les contraintes de développement

Comme nous avons pu le voir plus haut, le développement constitue une étape clé dans la vie d'un individu. Il contrôle le plan d'organisation globale en respect de celui de l'espèce et peut sous certaines conditions conduire à des changements drastiques de ce plan et donc à des modifications macroévolutives majeures. Par contre, cette phase dans la vie d'un individu est cruciale pour l'homéostasie[1] de l'organisme. D'une certaine façon, les capacités à modifier le déroulement de ces phases sont limitées, ce sont donc des contraintes. John Maynard Smith (fig. 6.55) en 1985 a décrit ces contraintes comme étant :

« des biais dans la production de phénotypes variants ou une limitation à la variabilité des phénotypes, causé par la structure, le caractère, la composition ou la dynamique de l'organisme en développement » [2].

figure 6.55 : John Maynard Smith (1920-2004) (photo de 1997 ; source : wikimedia.com ; licence : Creative Commons)

Ainsi, une nouvelle fonction ou nouvelle structure, suite à une mutation qui apparaît, peut perturber le développement, entraînant un nouvel équilibre :

  • défavorable pour le développement

  • favorable pour d'autres aspects pour l'individu.

Au final, il peut en résulter un déséquilibre temporaire de développement qui pourra induire des changements futurs.

ExempleExemple de la mouche verte du mouton Lucilia cuprina

L'exemple de la mouche verte du mouton développé dans le chapitre 4 pour illustrer le lien entre différents caractères d'un organisme peut être réutilisé ici. En effet, l'asymétrie apparue en lien avec la résistance va progressivement disparaître au cours des générations : une 2ème mutation s'est produite, contrecarrant en partie les effets néfastes de la première. On constate un retour à un développement quasi équivalent à la lignée sauvage de départ.

Cela signifie que si les contraintes développementales maintiennent certaines propriétés d'organisation, elles n'empêchent pas totalement l'évolution génétique.

L'ensemble de ces contraintes développemementales différant sans doute entre les phyla, on peut en déduire que les phénotypes nouveaux n'ont pas toujours la même probabilité d'apparition.