Introduction

Aborder l'évolution par le prisme du développement est une approche assez récente, même si ces considérations ont été abordées de façon dispersée depuis plusieurs décennies. Un terme directement pris de l'anglais est maintenant utilisé pour illustrer cet abord de la notion d'évolution. Il s'agit de l'évo-dévo, qui recoupe en partie ce que l'on appelle la génétique du développement comparé.

Cette étude développementale n'a pu être réalisée que récemment (fin du XXème siècle) puisque les caractéristiques disponibles sur les fossiles ne permettaient guère d'avoir des données autres que celles relatives à la morphologie, essentiellement pour des questions de tailles et d'accès au contenu. L'apparition de nouvelles approches technologiques comme la microscopie électronique, la microtomographie aux rayons X[1], a permis d'accéder à certains aspects anatomiques (sur des organismes de petite taille comme les embryons) (fig. 6.33) ou physiologiques comme le type de réserves vitellines. Cela a ensuite été complété par des analyses génétiques sur des éléments clés du génome que nous verrons plus loin et qui sont les gènes du développement.

figure 6.33 : Reconstitution 3D d'une analyse au rayons X d'un crane de souris (auteur Lackas. Source : wikimedia ; licence Creative Commons) Informations[2]

Le développement permet la perpétuation de l'espèce et en ce sens, l'ensemble des événements qui le composent, leur chronologie est régi par des contraintes très fortes partagées par de nombreux organismes pourtant très distants du point de vue évolutif.

L’enchaînement des étapes développementales est sous la dépendance d'un contrôle génétique propre à chaque espèce Le contrôle de ces étapes constitue donc un point particulier de stabilité. Cela couvre les gènes de régulation permettant la réalisation hiérarchique harmonieuse de l'ensemble du programme transcriptionnel et traductionnel conduisant à un organisme conforme aux critères de l'espèce. L'introduction de cette notion de contrôle et de gènes permet d'imaginer que des mutations sur ces gènes à rôle précoce dans le développement pourraient avoir des effets de grande ampleur sur l'organisation de l'individu à venir, et donc aboutir à des changements macroévolutifs. Cela met en évidence la notion de gènes maîtres ou chefs d'orchestre qui vont être capables de déclencher les phases clés du développement et d'organiser l’enchaînement de l'expression tout au long du processus développemental.

Il devient ainsi plus évident que certaines nouvelles organisations structurales sont apparues assez rapidement au cours de l'évolution sans avoir eu d'intermédiaires visibles.