5.4.1 - Interpréter une phylogénie dans un contexte de classification
La phylogénie établie permet de redéfinir les groupes pertinents (clades) dans la classification des espèces
Une fois une phylogénie établie, il est alors possible de définir les groupes monophylétiques qui formeront les clades utilisés dans la classification résultante.
Ainsi, les groupes tels que les reptiles ou les poissons, présents dans les classifications anciennes, vont disparaître au profit de la clade des Sauropsides (reptiles actuels, certains reptiles fossiles et oiseaux) et de taxons distincts (Hyperoartia pour les lamproies, Chondrichtyens pour les raies et requins, Actinoptérygiens pour les poissons les plus courants, Dipnoi pour les poissons à poumon et Cœlacanthimorphes pour les cœlacanthes).
Complément : Pourquoi les reptiles n'existent pas
Dans le langage courant, le terme reptile désigne des animaux vertébrés amniotes tétrapodes, qui se déplacent par reptation (d'où leur nom). Leur corps est recouvert d'un épiderme écailleux, ils sont vivipares ou ovipares, les espèces actuelles sont ectothermes[1].
Cet ensemble est constitué entre autres des tortues, des lézards, des serpents, des amphisbènes et des crocodiliens, mais aussi de nombreuses espèces ancêtres disparues et des dinosaures.
Depuis, Willi Hennig en 1950, la classification repose sur le regroupement d'espèces en clades (cf. chap. 5.1.3.2.2), ayant hérité d'un même caractère d'un ancêtre commun exclusif, elle constitue une méthode appelée "cladistique".
Pour les reptiles, le crâne est par exemple articulé sur la colonne vertébrale par un seul condyle occipital, caractère hérité de leur ancêtre commun. Par contre, la deuxième partie de la contrainte n'est pas remplie : ce fameux ancêtre des reptiles actuels n'est pas exclusif, c'est aussi celui des oiseaux (fig. 5.53). Les reptiles constituent donc un groupe paraphylétique (cf. chap. 5.1.3.2.2).
La principale conséquence observable dans la phylogénie est que les crocodiliens sont plus apparentés aux oiseaux qu'aux serpents et lézards (squamates) et bien plus qu'aux tortues. Il devient alors incohérent de les intégrer à un même groupe.
Les reptiles ne constituent pas un groupe monophylétique (une clade), leur regroupement ne repose donc pas sur des critères scientifiques et le terme n'est pas pertinent en phylogénie évolutive. Comme signalé précédemment, il en va autrement des mammifères, qui eux constituent bien un groupe monophylétique (fig. 5.53).
Pour les mêmes raisons, les poissons n'existent pas ! (voir cette vidéo)
Conseil : Pour aller plus loin
Pour aller plus loin sur l'histoire des classifications, voir cette conférence de Guillaume Lecointre.