Sélection équilibrante à valeur sélective variable

Les mécanismes de sélection envisagés jusqu'à maintenant étaient basés sur l’existence d'une valeur sélective constante pour chaque génotype. Il n'en est pas toujours ainsi. Il a été par exemple mis en évidence des processus de sélection dans lesquels les valeurs sélectives étaient dépendantes de la fréquence des allèles (wx=G(p)).

Les travaux de Claudine Petit dans les années 1970 on mis en évidence l'existence chez la drosophile d'un processus de choix du partenaire par la femelle basé sur la rareté d'un caractère.

Exempleavantage du type rare chez la drosophile

Le gène "white" est situé sur le chromosome X chez la drosophile. L'allèle récessif w- induit une dépigmentation de l’œil qui est alors blanc. Comme le montre la figure ci-dessous, il est aisé de mettre en évidence grâce à la descendance d'une femelle w-/w- le mâle qu'elle a choisi pour l'accouplement. Si la descendance femelle a les yeux blancs, le mâle avait les yeux blancs, si la descendance femelle à les yeux rouges (phénotype sauvage) alors le mâle avait les yeux rouges (fig. 3. 75).

figure 3.75 : résultat du croisement d'une femelle white et de mâles sauvages ou de mâles white

Si des femelles vierges w-/w- sont mises en présence de mâles à yeux rouges (phénotype sauvage) et mâles à yeux blancs en différentes proportions et que le choix du partenaire se fait au hasard, il est attendu une proportion équivalente de descendantes à yeux rouges ou blancs (fig. 3.76).

figure 3.76 : Résultat attendu quand le choix de la femelle est aléatoire

Les résultats constatés par Claudine Petit sont tout autre

  • quand la proportion de mâles à yeux blancs est inférieure à 40%, alors la quantité de descendantes à yeux blancs est supérieure à ce qui est attendu

  • quand la proportion de mâle à yeux blancs est comprise entre 40 et 80% alors la quantité de descendantes à yeux blancs est inférieure à ce qui est attendu

Dans cette fourchette de fréquence de l'allèle w- chez les mâles (0 à 80%), tout se passe comme si les femelles s'accouplaient préférentiellement avec les mâles dont le phénotype est le plus rare dans la population (entre 80% et 100%, le mécanisme est différent). Ce comportement est désigné sous l'appellation de "l'avantage donné au type rare". Il n'est pas spécifique de la drosophile et de ce phénotype, il est retrouvé dans d'autres espèces (insectes, poissons, oiseaux, mammifères, plantes) (Dajoz)