4.3.4 - La finalité et l'évolution orientée ne sont qu'apparentes
La finalité non comme un objectif mais comme fruit de l'adaptation
Le biologiste évolutionniste est partagé entre deux concepts apparemment contradictoires :
la finalité indiscutable de toute forme adaptée de comportement, organe, fonction etc. est un outil indispensable pour explorer le vivant et son fonctionnement
parler de finalité en évolution pourrait laisser croire qu'une force supérieure guide les mouvements de cette évolution, dans un but précis. Les créationnistes ne manquent pas d'exploiter ce filon en positionnant l'Homme tout en haut de ce parcours. La représentation chronologique de l'évolution a généralement le défaut de favoriser cette conception (fig. 4.29 et 4.30).
Pourtant un œil est bien fait pour voir, c'est pour cela qu'il existe (fig. 4.31).
Mais le couple variation/sélection suffit à expliquer ce fait, sans qu'il soit nécessaire d'invoquer une quelconque volonté. La finalité est la conséquence de l'évolution et non un préambule. Vous pouvez retrouver une discussion au tour de ce point dans un petit livre passionnant de Patrick Dupouey[1].
La complexité, conséquence inéluctable de l'évolution ?
Le retour vers des formes "primitives" est rare sauf s'il est adaptatif. L'évolution donne donc une impression d'orientation vers une amélioration de fonction ou vers une augmentation de complexité. Pour autant Stephen Jay Gould[2] illustre parfaitement dans l’éventail du vivant l'inexactitude de ce concept. La majorité des formes vivantes actuelles ne présente pas de complexité supérieure à ce qu'il en était au précambrien (unicellulaire). La complexité est donc une conséquence potentielle de l'évolution mais en aucun cas obligatoire.
La vie a donc débuté avec un mode bactérien statistique. Ce mode bactérien s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui et se maintiendra éternellement, du moins jusqu'à l'explosion du Soleil et la destruction de la Terre...comment affirmer que le progrès fournit la dynamique génératrice de l'évolution, alors que le mode de la complexité n'a jamais changé ?... Le paradigme du succès de la vie a de tout temps été la bactérie. S J Gould (l'éventail du vivant, page 210) (fig. 4.32)