6.2.2.1 - Le gradualisme

L'idée qui sous-tend cette théorie est une évolution progressive, lente (fig. 6.24). L'ampleur du phénomène final observé n'a pas d'importance, seul le chemin pour y parvenir est continu et régulier. Au final la transformation résultante est graduelle tout au long du processus temporel. Elle est associée à un phénomène d'anagenèse (figure) qui montre une évolution linéaire d'une lignée unique résultant de la succession d'événements élémentaires. Dans ce schéma évolutif, le retour en arrière n'est pas possible ainsi que la transformation drastique de la lignée sur un temps bref. Cette théorie, énoncée par le paléontologue Georges G. Simpson dans les années 1940 s'appuie sur des exemples fossiles des évolutions progressives de différents paramètres chez une espèce, puis une autre proche se font de façon quasi concomitante et se visualisent dans l'analyse des couches géologiques.

figure 6.24 : Gradualisme : transformation progressive d'un ou plusieurs caractères dans une lignée évolutive Informations[1]

Ainsi dans la strate géologique profonde se retrouve la population A avec des caractéristiques C1 et C2, puis progressivement dans les couches supérieures, sont observées la coexistence de cette population avec une nouvelle B présentant des caractéristiques C2 et C3 ; ainsi se succèdent progressivement différentes populations qui apparaissent, coexistent et disparaissent tout au long d'un continuum chronologique. Des exemples paléontologiques existent et illustrent cette théorie comme l'évolution des trilobites durant l'Ordovicien (Sheldon P. 1987) (fig. 6.25) ou l'évolution des rats-taupiers (fig. 6.26) sous l'angle des changements de la morphologie dentaire sur une période allant de -3,5 millions d'années à nos jours (Lozano-Fernandez et al. 2013)[2].

figure 6.25 : évolution graduelle et parallèle des trilobites durant l'Ordovicien (avec la permission de Springer/Nature ) Informations[3]
figure 6.26 : Evolution de la longueur et de la largeur de la première molaire chez Mimomys savini au cours du Pléistocène (D'après : figure 6 dans : Pleistocene evolutionary trends in dental morphology of Mimomys savini (Rodentia, Mammalia) from Iberian peninsula and discussion about the origin of the genus Arvicola. Iván Lozano‑Fernández, Jordi Agustí, Gloria Cuenca‑Bescós, Hugues‑Alexandre Blain, Juan Manuel López‑García and Josep Vallverdú (2013) Quaternaire 24 : 178-190) Informations[4]

Cette visualisation ne peut se faire que lorsque les conditions de fossilisation sont optimales et permettent une bonne conservation des échantillons.

De nouvelles lignées divergentes peuvent être créées par scission de la lignée ancestrales en plusieurs lignées descendantes, par un phénomène différent de cladogenèse (ramifications à partir de la lignée initiale, et non plus linéarité). vraiment pas clair

Au final, peu de cladogenèse dans cette théorie.