exemple de sélection divergente
Le cycle de vie classique suit les étapes suivantes :
ponte de novembre à janvier,
incubation des œufs puis des larves jusqu'en mars
vie sur place sous forme de juvéniles (tacons) durant une année environ
migration vers l'océan (smolt).
17 à 20 mois de vie marine jusqu'à la maturité sexuelle
remontée de la rivière d'origine pour rejoindre les frayères et se reproduire avant de mourir.
Pour la reproduction, la femelle saumon va creuser un nid pour déposer ses œufs pendant que les mâles vont entrer en compétition pour les féconder. Pour cela ils doivent approcher du nid et répandre leur sperme pour féconder une partie de la couvée. Deux stratégies sont observées :
le combat
l'évitement et la ruse
Dans le premier cas, une hiérarchie s'établit entre un mâle alpha au plus proche de la femelle et les autres plus distants et donc moins efficaces. La taille et la puissance sont des critères essentiels dans cette hiérarchisation.
Dans le deuxième cas, les petits mâles, plus agiles, sont privilégiés.
En résumé, les mâles gros et forts pourront se reproduire efficacement grâce à leur qualité dans le combat, les petits mâles seront eux aussi efficaces grâce à leur capacité d'évitement. Seuls les mâles de taille moyenne, ayant peu de chance d'obtenir la position de mâle alpha et peu à l'aise dans l'esquive auront une probabilité de se reproduire plus faible. Il s'agit d'un système de sélection qui privilégie les formes extrêmes d'un caractère, typiquement une sélection disruptive.
Dans cette espèce, un cycle de vie alternatif est apparu. Certains mâles atteignent la maturité sexuelle beaucoup plus rapidement (2 ans au lieu de 3) et remontent les rivières un an avant leurs congénères. Ces individus (jack en anglais, madeleineau en français) sont dépourvus de caractères sexuels secondaires et facilement distinguables des individus à croissance classique (hooknose ou bécard) (fig. 3.78).
Une telle anticipation ne peut s'être fixée que parce qu'elle est reproductivement efficace. En effets les « jacks » seront avantagés dans la stratégie d'évitement du fait de leur petite taille. Ce cycle alternatif est donc une conséquence directe de la sélection disruptive présentée précédemment (Gross MR, 1985)[2] .