1.2.2 - Arguments et modèle de Darwin

L'approche de Darwin est pluridisciplinaire.

« En considérant l'origine des espèces, il est facilement concevable qu'un naturaliste, observant les affinités mutuelles des êtres organisés, leurs rapports embryologiques, leur distribution géographique, leur succession géologique et d'autres faits analogues, en arrive à la conclusion que les espèces n'ont pas été créées indépendamment les unes des autres, mais que, comme les variétés, elles descendent d'autres espèces. » L'origine des espèces, édition Maspéro, Page 3

Il tire des arguments quant à l'origine commune des êtres vivants :

  • de la biogéographie et des peuplements insulaires

figure 1.4 : Iguane des Galapagos, (photo Marc Figueras) Informations[1]

« J'avais été profondément frappé, enfin, par le caractère sud-américain de la plupart des espèces des îles Galápagos, plus spécialement par la façon dont elles diffèrent légèrement entre elles sur chaque île du groupe : aucune de ces îles ne paraît très ancienne au point de vue géologique. »

L'origine des espèces, édition Maspéro, Page 3

« J'avais été profondément frappé par l'ordre selon lequel les animaux d'espèces presque semblables se remplacent les uns les autres à mesure qu'on s'avance vers le sud du continent. » L'origine des espèces, édition Maspéro, Page 3

Ainsi, il conclut que les peuplements des îles ressemblent toujours aux peuplements des continents les plus proches, on ne trouve dans les îles que des taxa qui possèdent une capacité à la dispersion (fig. 1.4).

  • des homologies et des plans d'organisation (membre chiridien possédé par tous les tétrapodes car ils dérivent tous d'un ancêtre commun) ; il distingue les analogies qui ne sont pas utilisées par les systématiciens et correspondent à l'action des mêmes contraintes sélectives, et les homologies qui témoignent d'une origine commune ;

  • de l'embryologie (embryons de vertébrés se ressemblent plus que les adultes, cas des larves de crustacés) ;

  • de la paléontologie (archéoptéryx considéré par lui comme une forme intermédiaire entre reptiles d'une part, à cause des dents par exemple, et oiseaux d'autre part à cause des plumes).

    « J'avais été profondément frappé, d'abord en découvrant dans les couches pampéennes de grands animaux fossiles recouverts d'une armure semblable à celle des tatous actuels. Cette parenté étonnante, sur le même continent, entre les vivants et les morts jettera bientôt, je n'en doute pas, beaucoup plus de lumière que toute autre classe de faits sur le problème de l'apparition et de la disparition des êtres organisés à la surface de la terre. » L'origine des espèces, édition Maspéro, Page 3

La domestication lui fournit un modèle pour le principe de la sélection naturelle. Il est également influencé par Thomas Malthus (1766-1834) qui avait affirmé que les populations humaines ne peuvent que connaître la famine et disparaître si elles ne régulent pas leur taille

Son raisonnement pour la sélection naturelle part alors de trois observations :

  • Les individus des espèces produisent plus de descendants qu'il n'en peut survivre ;

  • Les populations sont remarquablement stables ;

  • Les ressources sont limitées.

En conséquence, au sein des populations, il y a lutte pour l'existence et mortalité élevée.

Il s'y ajoute :

  • La grande variabilité des individus dans les populations ;

  • L'héritabilité des caractères.

La survie dans la lutte pour l'existence n'est donc pas due au hasard mais aux capacités héréditaires des individus, c'est un processus de sélection naturelle. Au fil des générations ce processus conduit graduellement à l'évolution et à l'apparition de nouvelles espèces.

« J'ai donné le nom de sélection naturelle, ou de persistance du plus apte, à cette conservation des différences et des variations individuelles favorables et à cette élimination des variations nuisibles. » L'origine des espèces, édition Maspéro, Page 3