Méthodologie

Le traitement de l'erreur

Nous n'aimons généralement pas le changement, nous voulons croire que ce nous sommes n'a pas besoin de modifications, que nous avons déjà fait suffisamment d'efforts. Mais l'erreur exige que nous nous transformions, précisément pour ne plus la commettre. Nous aimons à croire que nous réfléchissons sainement[1]. Nous aimons à croire qu'il suffit de voir l'erreur –corrigée, soulignée en rouge– pour ne plus la répéter. Mais le moi qui regarde, examine, n'est pas souvent mis à contribution par celui qui agit. Ce n'est que parce que vous aurez conscience que vous avez tendance à faire telle ou telle erreur, parce qu'au moment de réfléchir à un nouveau sujet, d'écrire une phrase vous aurez à l'esprit la voie sans issue que vous avez déjà empruntée, que vous serez en mesure de l'éviter dans un premier temps, puis à force de ne prendre que la bonne route, de l'éviter définitivement, parce que vous aurez acquis de nouveaux réflexes.

Il est donc nécessaire d'examiner avec la plus grande attention vos copies pour en extraire toutes vos erreurs, réfléchir à un moyen de les éviter, les noter sur une fiche qui vous accompagne tout au long de vos exercices et de vos révisions.

Plus généralement, n'acceptez pas, en cours, de ne pas savoir, de ne pas comprendre, un mot, une expression une notion évoquée vous échappe : notez-la et surtout faites une recherche ensuite.

Le mythe de la faute d'inattention

Deux écueils vous guettent sur la voie de l'amélioration de vos performances. Nous avons déjà évoqué « Je suis mauvais en », si facilement interprété par les autres en « je n'ai ni le courage ni la volonté de m'améliorer » alors qu'il est plutôt une manière de ménager son ego, et le résultat d'investissement dans des domaines où vous aviez plus de faciliter. Une autre petite phrase est également très pernicieuse, et vous l'avez sans doute déjà dite : « Ce n'est rien, c'est une faute d'inattention. » Dans les deux cas il s'agit de préserver son amour-propre... Vous êtes à présent adultes : acceptez de vous regarder avec vos forces et vos faiblesses. Si vous connaissez un blocage sur certains points, tâcher de savoir ce qui dans votre histoire passée l'explique vous permettra peut-être de le mettre à distance, d'accepter de le traiter comme ce qu'il est : un dysfonctionnement, non une partie de votre être

Au risque d'être désagréable je vous demande de faire le deuil de votre formule favorite. Il n'y a pas de faute d'inattention –ou du moins beaucoup moins que ce que vous croyez. Je mets naturellement de côté les situations particulières : absence de sommeil ou de nourriture, maladie et fièvre au-delà de 39 °, prise de substances psychotropes, altérant le fonctionnement de votre cerveau.

Quand vous adressez la parole à quelqu'un, oubliez-vous de le saluer d'un « bonjour », oubliez-vous de respirer, oubliez-vous de mettre de l'eau dans la casserole pour faire cuire les pâtes, de prendre vos clés avant de sortir ? Il est vraisemblable que dans 99% des cas vous ne commettez pas « de faute » dans ce domaine. Par ailleurs, il est quasiment certain qu'il existe un mot que vous orthographierez toujours correctement. Certains étudiants répondent ingénument à cette question « oui » ou « maman », mais tous reconnaissent qu'ils n'estropient pas leur propre nom et prénom.

Tout est donc une question de réflexes, acquis en ce qui concerne nos compétences sociales et intellectuelles et de degrés de maîtrise. Prenons l'orthographe. Celle de certains mots ne vous posera aucun problème : les écrire est de l'ordre de l'automatisme efficace à 99,99 %, pour d'autres ce sera un réflexe habituel le plus souvent.

Viennent ensuite les réussites aléatoires : vous connaissez la règle mais ne vous souciez pas de la mise en pratique. C'est une attitude extrêmement dangereuse parce qu'auto-entretenu par votre bonne conscience – je connais la règle- et par votre sentiment d'impunité – ce n'est pas grave puisque je sais quelle est la règle. Si vous conduisez à 150 km/h sur une autoroute, l'excuse de la faute d'inattention ne vous évitera pas l'amende, le retrait des points ou pire l'accident. Le recours à l'excuse « faute d'inattention » a ceci de fascinant qu'il nie la nécessité d'agir en respectant le code – routier, grammatical...-, ce qui revient à dire que l'on ne considère pas l'infraction comme grave : il y a bien une règle, je la connais et le fait de la fouler aux pieds n'est pas grave puisque je pourrais la respecter mais que je préfère concentrer mes soins ailleurs... D'une certaine façon c'est ici que se situe la zone dangereuse et il faut travailler non à connaître la règle – sur un exercice spécifique, n'ayant rien d'autre à faire, il est vraisemblable que l'on arriverait à bien répondre- mais à se convaincre à chaque fois que l'on écrit et se relit de la respecter. Il faut alors passer du mépris à l'implication.

Ensuite vient la zone nébuleuse : on sent bien qu'il y a un enjeu, diverses possibilités –ces,ses,c'est,s'est,sait- mais on ignore comment les distinguer pour choisir la bonne forme. Il faut mettre en place des procédures pour l'identifier Une fois le point découvert, la règle comprise, seuls des exercices spécifiques pourront ancrer le nouveau comportement.

Enfin le dernier degré : l'erreur découlant de l'ignorance de la règle. D'une certaine façon c'est l'erreur la plus facile à corriger, à condition de lui accorder un peu de temps.

Pourquoi faisons des erreurs – autres que « les fautes d'inattention » ?

Nous ne nous trompons pas par plaisir.

Le plus souvent nous sommes entraînés par nos habitudes. Nous ramenons l'inconnu au connu –le hors-sujet, ou écrire front avec un d à cause de fronde ou frondaison. nous utilisons ce qui a particulièrement frappé notre attention alors que le mot est d'un usage rare. Ainsi nous utilisons très couramment le mot fait dont le t est sonore – le fait de...- et de nombreux étudiant lui ajoutent un accent circonflexe et un e final le transformant en « partie la plus haute d'un bâtiment ». Même erreur avec « ça » qui ne prend un accent que lorsqu'il est mis en parallèle avec là, c'est-à-dire dans moins d'un pour cent de ses emplois... Mais pour ne plus répéter ces erreurs, encore faut-il prendre le temps de bien les examiner et de comprendre d'où elles viennent. Sans l'identification de la source de l'erreur et sa neutralisation par une distinction bien nette des deux formes, il est extrêmement difficile de se corriger.

Les solutions

Il faut se connaître : quelles sont mes erreurs, à quoi sont-elles dues, comment puis-je les éviter ?

Il faut se fixer des objectifs réalistes : si vous avez abandonné l'orthographe depuis longtemps vous ne vous corrigerez pas en un mois. Quels sont les points les plus pénalisants –les erreurs très courantes qui font grincer les dents des correcteurs- ? A partir de votre liste, donnez-vous chaque semaine un nouveau point à acquérir. A chaque fois que vous écrirez, réservez une relecture spécifiquement à ce point. La semaine suivante ajoutez un nouveau point et ainsi de suite. Cela implique que vous écriviez et rédigiez de façon très régulière, que vous soumettiez vos écrits à un œil expert et surtout que vous tiriez parti de vos copies...

SimulationPrenez vos copies de l'année dernière ou du semestre passé

Sur une feuille notez au recto toutes vos erreurs de méthode –hors sujet, introduction n'indiquant pas la problématique ou le plan, réponse à une question ne permettant pas de deviner la question posée... Au verso notez vos erreurs de langue en les classant – syntaxe et ponctuation, orthographe grammaticale avec une section homophone, orthographe lexicale. Si le français – ou votre langue vivante étrangère- vous pose beaucoup de problèmes vous pouvez lui consacrer une feuille à part.

Attention : ne notez jamais une forme fautive –écrire ancre dans votre mémoire- écrivez la forme correcte en soulignant en rouge le point qui pose problème

Le tort

Éventuellement notez la forme avec laquelle vous la confondez de façon à comprendre d'où vient votre erreur et à les distinguer, réservez le rouge pour ce que vous n'arrivez pas à écrire correctement et le vert pour ce que vous faites déjà.

Un tort (nom)/ Il tord (verbe)

  1. Discours de la méthode Pascal

    « Le bon sens est la chose la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu, que même ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. »

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