Méthodologie

Ce qu'il faut savoir sur les exercices

Laissez-moi vous raconter l'histoire d'un tragique malentendu : celui des exercices.

Que celui ou celle qui n'a jamais râlé devant un exercice à faire m'envoie un courriel dans l'heure... L'annonce d'exercices, de devoirs entraîne invariablement de la part des élèves puis des étudiants, au mieux quelques mines peu réjouies au pire des soupirs et des lamentations. L'étudiant l'examine, l'abandonne, le laisse le plus souvent pour le dernier moment, souvent aussi s'y heurte, ne comprends pas vraiment ce que l' « on » veut de lui et rend parfois quelque chose de bâclé, d'inabouti, réservant ses efforts pour l'examen final.

De votre point de vue l'exercice est souvent vu comme l'offrande obligatoire – ou non – à déposer sur l'autel "du sacrificateur", de l'enseignant qui le rendra tout sanglant des corrections accompagné de "son oracle", sa note. L'exercice est ce qui prend du temps, est compliqué voire « inutile » quand la note n'est que partiellement prise en compte pour l'obtention des ECTS, ou qu'il ne correspond pas exactement au sujet de type examen. Sa seule utilité serait la note : une fois connue il n'est pas rare que la copie finisse à la poubelle, en particulier si aucune remarque positive, agréable pour l’ego, ne l'émaille. On le fait – ou non – pour le « prof » - après tout il semble malheureux quand il n'en a pas.

Soyons clairs : les copies n'amusent que rarement – et souvent à vos dépens- vos enseignants. Elles représentent une charge de travail importante – certes prise en compte- mais qui s'alourdit du sentiment d'inutilité qui accompagne la correction répétée des mêmes erreurs pour les mêmes étudiants – le syndrome du prof « Je pisse dans un violon ». Pourquoi alors nous obstinons-nous à vous en proposer, à en exiger même de vous ?

Qu'est-ce qu'un exercice ? Le mot désigne au départ les manœuvres d'entraînement des soldats. Il doit les préparer au combat. L'enseignant vous proposant un exercice le choisit, le cisèle pour qu'il vous fasse utiliser votre réflexion d'une certaine façon, vous fasse apprendre des points qui vous seront utiles pour l'examen – voire, soyons fous- pour votre vie future. Il examine ensuite votre copie avec attention pour voir si vous l'avez bien suivi, si le cours est compris, assimilé, utilisé. Il vous encourage parfois, vous corrige toujours. Et c'est ainsi que vous devez considérer la situation. Il s'agit pour vous d'une occasion de vous transformer pour affronter avec succès l'épreuve des examens- pensez au sens médical de ce mot et vous comprendrez mieux que ce dernier désigne le fait de vous « peser », d'évaluer ce que vous êtes sens être devenu, précisément grâce à l'action des cours. Si vous ne le voyez que comme une obligation extérieure à vous, vous n'aurez que peu de chances d'en tirer parti.

Avec la correction de l'enseignant elle constitue un dialogue, un tête-à-tête différé : vous exprimez ce que vous avez compris du cours, comment vous vous en êtes saisi et l'enseignant valide ou corrige ce qui doit l'être en vous indiquant des pistes. Il s'agit d'apprendre à votre cerveau à utiliser certains circuits neuronaux, à se forger de nouveaux réflexes. Vous ne devriez pas soupirer face aux exercices mais les rechercher. Ils vous forment, vous conforment aux exigences des examens, et, au bout d'un certain temps participent à la bonne image de vous qui vous évitera le stress le jour fatidique.

Un exercice est-il inutile ? Un, sans doute, deux au moins non.

Certains d'entre vous estiment inutile de les faire ou de les rendre : la correction ne suffit-elle pas à comprendre ? C'est un mauvais calcul, parce que ce qui compte n'est pas la réponse parfaite, mais le chemin pour y parvenir. Ce n'est pas la destination qui importe mais les stratégies utilisées pour y arriver. Or la correction est là pour vous indiquer le cap, mais elle ne vaut que si vous avez-vous-mêmes essayé de l'atteindre, même et surtout si vous avez fait une erreur parce que vous pouvez ainsi repérer à quel moment vous vous êtes fourvoyé. Ce qui compte dans l'exercice est moins la réussite que l'analyse de l'échec parce qu'elle vous signale à quel moment vous avez vous avez choisi la mauvaise route et peut vous éviter de répéter la même erreur – à condition d'essayer de comprendre ce qui s'est passé et non de simplement constater « je me suis trompé » voir le statut de l'erreur

Quand j'interroge des étudiants sur le temps passé à faire un exercice, il est souvent plus court que celui dont ils disposent à l'examen, habituellement ils n'utilisent pas leurs cours « C'est de la triche » et s'offusquent quand, m'annonçant fièrement que pour le premier exercice de l'année ils ont mis 2h –soit autant qu'à l'examen- je rétorque que c'est beaucoup trop peu. Un premier exercice n'est pas un entraînement à l'examen : c'est l'occasion de comprendre le cours, de confronter ce que l'on croit savoir et ce que l'on doit savoir, de repérer les procédures à suivre pour pouvoir appliquer ce cours, et de commencer à l'apprendre, non parce que l'on a fermé son cahier avant de le faire, mais précisément parce qu'exercice et cours sont ouverts conjointement sur la même table. Pour le premier exercice d'une série identique, il faut :

  • Lire l'énoncé

  • Ouvrir son fichier/cahier/livre et relire l'aspect du cours en lien avec l'exercice, comprendre ce que l'enseignant a voulu vous faire utiliser

  • Faire l'exercice

  • Si l'on connaît une difficulté trop importante, laisser un peu reposer- cela suppose bien sûr de ne pas s'y prendre au dernier moment- le reprendre une fois que le cerveau aura digéré l'information, en discuter avec d'autres – et non leur demander la solution- puis essayer à nouveau, terminer l'exercice et le rendre

  • Si vraiment vous bloquez à partir d'un moment et que l'exercice n' a pas d'incidence sur la note, voyez avec l'enseignant si vous pouvez, sur la copie à partir de quand s'est produit la rupture dans votre compréhension quel saut vous n'avez pas su faire. Il pourra peut-être éclairer la route

Les exercices à cahier fermé ne se font qu'une fois que l'on connaît son cours par cœur, que l'on a déjà fait et réussi plusieurs exercices. Un exercice n'est pas une perte de temps, il est la raison d'être de votre apprentissage. Vous n'apprenez pas des connaissances pour avoir une tête bien pleine, mais bien faite et être capable des les utiliser ; c'est précisément ce que l'exercice vous donne l'occasion de faire.

En principe un point vu pour un exercice fait sérieusement est un point qui nécessitera peu de travail d'apprentissage pour l'examen : ceci représente une sérieuse économie de temps.

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