La gestion du brouillon – rédaction et relecture
Peut-être vous a-t-on habitué, dans les petites classes, à rédiger entièrement votre brouillon avant de le recopier « au propre ». Votre enseignant espérait ainsi vous éviter la surcharge cognitive en dissociant le travail d'imagination de celui de vérification de la langue. Le résultat n'était pas toujours concluant, vous respectiez la consigne le plus souvent en répétant les mêmes erreurs de langue, voire en en ajoutant et en oubliant des mots.
Néanmoins cette funeste pratique a ancré en vous l'habitude de rédiger votre brouillon. Vous le faites également pour une autre raison : cela vous rassure, vous avez réussi à faire des phrases, à noircir du papier, vous aurez quelque chose à rendre.
Nous ne le dirons jamais assez : un bon brouillon n'est –quasiment– pas rédigé.
A quoi sert-il ?
Nous avons déjà évoqué l'atomisation des tâches dans la partie planning et le problème de la surcharge cognitive : ces deux points trouvent une résonnance ici. Lors de la production d'un écrit vous devez mener à bien, plus ou moins successivement plusieurs tâches
La compréhension du sujet : voir la lecture des consignes
La recherche d'idées pour le traiter, les opérateurs « qui, quoi, où, quand, comment, pourquoi, pour qui » peuvent vous aider à explorer le sujet en sciences humaines, de même que l'examen des dimensions économiques, sociologiques, politiques, idéologiques... Ceci en fonction de votre filière bien sûr.
L'organisation des idées pour traiter le sujet : habituellement la réflexion part de ce qui semble évident, connu de tous – mais cela pose parfois problème- à ce qui est le plus élaboré, le plus complexe.
Et, dernière étape, aussi importante que les autres : la rédaction.
Le problème est que vous avez souvent été habitué à la rédaction de brouillon in extenso – et l'ordinateur accentue ce phénomène. Il est tellement facile de rédiger au km puis d'utiliser le copier-coller afin de mettre les éléments dans l'ordre le plus satisfaisant. Vous pouvez même vous réclamer de Charlie Chaplin qui commença ainsi sa carrière de cinéaste, filmant des scènes comportant une bonne part d'improvisation avant de dégager une structure...Cette méthode n'eut néanmoins qu'un temps parce qu'elle était extrêmement coûteuse. Elle l'est pour vous aussi d'ailleurs, en temps. Il est exact que lorsque nous rédigeons de nouvelles idées nous viennent – c'est pour cela qu'il est si important de rédiger à la main[1] –combien d'étudiants secouant douloureusement la main après une heure d'épreuve ?– tout au long de l'année des devoirs et de les rendre, parce que cela vous fait réfléchir et écrire. Néanmoins si vous devez gérer à la fois la recherche des idées – que vais-je dire ? - et la recherche de la formule –comment vais-je le dire ?– vous prenez le risque de ne pas mener à bien une des deux tâches et c'est généralement la deuxième qui en pâtit alors même qu'elle est la condition sine qua non de votre réussite. Votre lecteur n'a pas de boule de cristal, de machine à lire dans les pensées : seul votre écrit ou votre discours lui permet de connaître les trésors de votre intelligence.
Le brouillon doit donc être un appui dans votre séquençage des tâches
Il y d'abord la recherche d'idées : si vous avez un support, carte, tableau, texte utilisez le pour relever les éléments en utilisant des codes couleurs –mais cela implique que durant l'année/le semestre vous ayez déjà fait des exercices et mis au point le dit code. Cette tâche vous demandera un peu de temps pour les premiers exercices, mais vous en fera gagner sur le long terme. En fonction du temps dont vous disposez vous pourrez les disposer dans un tableau afin de les analyser. En marge de ce tableau vous indiquerez dans un deuxième temps dans quelles parties de vos écrits vous les traiterez.
Ne multipliez pas les brouillons.
* Pour une recherche d'idées pour une composition vous pouvez faire une liste ou utiliser un schéma heuristique, mais efforcez-vous de toutes les mettre –il faudra donc écrire petit– sur la même feuille recto.
IL NE FAUT JAMAIS UTILISER LES DEUX CÔTÉS d'une feuille de brouillon. J'espère avoir crié assez fort pour vous le faire comprendre : ne pleurez pas pour les arbres sacrifiés, si votre conscience écologique vous torture utilisez l'autre face des brouillons pour dessiner, faire des listes de course, votre planning, que sais-je. Mais ne prenez pas le risque de perdre l'excellente idée que vous aviez parce que vous aurez oublié de tourner la page...De plus tout mettre sur la même feuille vous fait voir l'ensemble.
* Vous utiliserez si besoin une autre feuille de brouillon – voire deux ou trois dûment numérotées pour construire votre plan, parties sous-parties exemples inclus.
Jusque là rien de ce que vous avez écrit –ou presque– n'est rédigé. Vous avez pris des notes –ce qui vous a fait gagner un temps considérable, à condition naturellement que vous ayez pris cette habitude.
Dans le cas d'une composition/dissertation, d'un essai, une fois le plan fait vous passez à la rédaction en laissant une place raisonnable pour l'introduction au début. Pourquoi ? Parce que l'introduction qui se place au début de votre copie/mémoire, n'est à rédiger qu'à la fin, une fois que vous savez ce que vous allez dire par la suite, où vous comptez emmener votre lecteur. Tout simplement parce que votre plan du brouillon est provisoire, il est fort possible qu'en cours de rédaction de nouvelles idées viennent et vous obligent à le modifier. Puisqu'en principe vous n'avez pas à chercher d'idées –même si elles peuvent se présenter spontanément– vous pouvez ainsi vous concentrer sur l'expression, faire en sorte d'écrire des phrases courtes –une idée, une phrase– claires, respectant la syntaxe et l'orthographe.
Une fois le développement rédigé, si vous avez assez de temps vous pouvez rédiger au brouillon introduction et conclusion, les corriger pour qu'elles soient le mieux écrites possible, puis les recopier.
Enfin vous relisez votre copie. Nous le savons, cette étape est une source particulière de souffrance pour nombre d'entre vous : vous avez sué sang et eau pour produire un écrit, vous n'aspirez qu'à vous en débarrasser, à passer à autre chose et vous devriez encore le relire ? Voyez-le plutôt comme un plat mitonné avec soin dont il s'agit de soigner la présentation, comme le jardin, semé et arrosé par vos soins, dont vous arrachez les mauvaises herbes, le diamant brut arraché à la terre que vous allez polir pour en révéler l'éclat. Ce sont ces dernières minutes qui souvent distinguent l'étudiant médiocre –c'est-à-dire moyen– de l'excellent.
Relisez une première fois pour vérifier la cohérence globale du propos, sous-parties, parties s'enchaînent-elles de façon explicitement logique ?
La deuxième fois examinez la syntaxe en partant de la fin et en remontant phrase après phrase –faute de quoi vous risquez de lire ce que vous avez cru écrire non ce que vous avez réellement couché sur le papier.
La troisième fois au moins traquez les erreurs d'orthographe en prenant garde à vos « fautes d'inattention » favorites – voir le statut de l'erreur.