Partie 3 : Expression, stabilité et variation du patrimoine génétique et évolution

B. Avantage ou désavantage sélectif : une notion relative

Les mutations favorables ont une grande probabilité de se répandre dans la population, du fait de l'avantage sélectif qu'elles confèrent aux individus qui les portent. Cependant, la notion d'avantage se réfère toujours à un contexte environnemental précis. Un allèle qui présente un avantage, à un certain moment et dans un milieu donné, peut se révéler désavantageux dans d'autres circonstances, et vice-versa. Ainsi, la fréquence des allèles n'est donc pas la même dans les populations vivant dans des environnements différents, et elle est susceptible d'évoluer.

ExempleCorrélation entre paludisme et fréquence de l'allèle HbS

Dans les populations où sévit le paludisme, les individus homozygotes pour l'allèle HbS (responsable de la drépanocytose) meurent jeunes suite à une anémie. Les homozygotes pour l'allèle HbA sont sensibles au paludisme et risquent d'en mourir. En revanche, les individus hétérozygotes présentent une légère anémie (sans risque vital) et résistent au paludisme. On explique ce succès grâce au fait que l'allèle HbS confère aux hétérozygotes une meilleure résistance au paludisme.

L'allèle HbS est donc soumis à des contraintes sélectives opposées. L'avantage sélectif des hétérozygotes dans les milieux où sévit le paludisme maintient dans ces régions un niveau relativement élevé la fréquence allélique HbS, du fait qu'ils ont plus de chance que les homozygotes d'atteindre l'âge adulte et de se reproduire. En transmettant leur patrimoine génétique à leurs descendants, ils favorisent la propagation de l'allèle HbS dans la population, c'est ce qu'on appelle le polymorphisme équilibré. Les conditions du milieu et le jeu de la sélection naturelle contribuent donc à conserver ces allèles au sein des populations.

NB : Le paludisme est une maladie à l'issue souvent fatale, causée par un parasite qui se développe dans le sang et infecte les globules rouges. Cette maladie est l'un des principaux fléaux mondiaux, tuant chaque année entre 1,5 et 2,5 millions de personnes (dont un million d'enfants de moins de 5 ans).

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