Définir le complotisme
Définition :
Pierre-André Taguieff[1] a consacré un ouvrage au complotisme. Il rappelle que « « c'est au philosophe Karl R. Popper que revient le mérite d'avoir défini clairement, dans La Société ouverte et ses ennemis (1945), ce qu'il appelle la
. « théorie conspirationniste [ou conspiratoire] de la société »
(conspiracy theory of society), et d'en avoir montré l'importance idéologico-politique. Popper oppose à la visée explicative des sciences sociales la « théorie conspirationniste de la société », selon laquelle « l'explication d'un phénomène social consiste à découvrir les individus ou les groupes qui ont intérêt à ce que le phénomène se produise [...], qui l'ont programmé et ont conspiré pour le faire advenir ». Cette « théorie fausse »
repose sur la croyance que « tout ce qui arrive dans une société, spécialement des événements tels que la guerre, le chômage, la pauvreté, la pénurie [...], résulte directement des desseins d'individus ou de groupes puissants ». La « théorie »
conspirationniste fonctionne ainsi comme un simulacre de science sociale, elle joue le rôle d'une pseudo-sociologie et d'une science politique imaginaire »
Manès Sperber, cité par
Danblon et Nicolas (2010)[2] définit ainsi le complotisme : c'est une tournure d'esprit qui consiste à « présumer l'existence d'une raison humaine, d'une intelligence, présidant aux destinées des hommes – destinées qui suivraient, en fin de compte, les plans secrets d'un groupe d'individus cherchant à satisfaire, au détriment de tous les autres (rendus aveugles quant à leur condition d'esclaves), des intérêts particuliers et clandestins par nécessité. Cette modalité de la cognition se développe autour d'une tendance excessive à surévaluer l'importance du « secret » (...) dans la gestion des affaires humaines, et à supposer nécessairement concertées et manigancées, les raisons profondes à partir desquelles naissent les événements historiques »
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