La pensée complotiste : un défi pour les scientifiques

L'industrie du déni

Dans certaines controverses, le statut des données scientifiques est contesté par une pensée antirationaliste qui considère la science comme une forme de pensée unique qu'il importerait selon eux de transgresser. Un exemple quelque peu emblématique est constitué par une thèse de doctorat d'astrologie soutenue sous l'autorité d'un sociologue connu mondialement. Cette pensée repose pour l'essentiel sur l'émotionnel et s'oppose à la pensée rationnelle de la science.

Une industrie du déni s'est mise en place durant les dernières décennies. On lui donne ce nom car elle vise à dénier leur valeur aux résultats scientifiques qui vont à l'encontre des intérêts de certaines industries polluantes, agro-alimentaires, ou encore productrices de tabac ou d'alcool. Il s'agit de lobbys intervenant dans les médias et auprès des responsables politiques, de scientifiques et d'historiens recrutés pour susciter le doute à l'encontre des recherches scientifiques reconnues, ou encore de linguistes chargés de créer des éléments de langages permettant de disséminer ce doute dans la population et auprès des décideurs.

Par exemple, dans les années 90, cette « industrie du doute » est parvenue à faire signer par des chercheurs de renom l'Appel de Heidelberg qui visait à stigmatiser les chercheurs qui alertaient au sujet des causes du réchauffement climatique.

La finalité de cette industrie du déni est d'empêcher toute régulation au sujet des produits polluants ou dangereux, tant par la voie législative que par la voie scientifique. Cette stratégie du déni a pu être mise à jour à la suite du jugement d'un tribunal américain qui a imposé au cigarettier Philip Morris de rendre publics des centaines de milliers d'archives dans lesquelles étaient exposées les méthodes de cette industrie du déni. On découvre notamment comment ce cigarettier a recruté un large réseau de scientifiques et d'historiens partout dans le monde. Ils avaient pour mission de forger une narration des faits qui serait favorable aux industriels. A ce sujet, vous pouvez lire le livre de Robert Proctor (2014[1]).

Par exemple, un colloque financé par l'industrie du tabac était intitulé « Le plaisir est-il en danger ? ». A cette occasion un sociologue expliquait en substance que le tabac est un plaisir qui permet de réduire le stress et ainsi de « promouvoir la santé »...

Dans le film, François Rastier parle de la fondation « Écologie d'avenir » dirigée par Claude Allègre et des critiques qu'elle formule à l'encontre des chercheurs du Giec considéré comme une institution mafieuse.

L'industrie du déni. Par François Rastier, directeur de recherche CNRS
  1. Proctor, Nathan (2014)

    Proctor, Nathan (2014). Golden holocaust - La conspiration des industriels du tabac. Éditions des Equateurs

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