Méthodologie

Quelques exemples de réflexions automatiques (et toxiques) et leur décodage

Stratégie ultra-classique: elle évite de dépenser de l'énergie dans une matière, voire, si on a quand même essayé, d'analyser - en se remettant en cause- pourquoi cela n'a pas eu les résultats escomptés. Vous n'y pouvez rien, c'est dans votre nature, c'est une question d'essence de votre moi profond. « Ce n'est pas ma faute ». Reproche-t-on à un aveugle de ne pas voir, à un sourd de ne pas entendre ? La fatalité a encore frappé.

Vraiment ? Depuis quand êtes-vous « mauvais en » ? Êtes-vous né(e) ainsi, l'êtes-vous devenu(e) ? A moins que vous ne souffriez d'un trouble type dyscalculie, dysorthographie - et même ainsi cela se traite au moins en partie - il est vraisemblable que vous n'êtes pas « mauvais en », mais « meilleur » ailleurs et que vous avez choisi de privilégier ce qui était plus simple d'accès pour vous et/ou valorisé par votre entourage. Ceci rejoint le propos précédent sur la recherche de la plus grande efficience possible. N'oubliez pas aussi que ce que l'on a dit de vous a façonné en partie la façon dont vous vous voyez- les garçons sont souvent étiquetés mauvais en français et bons en maths, l‘inverse pour les filles, par exemple.

La bonne nouvelle est la suivante : votre cerveau se réorganise sans cesse : sans forcément devenir excellent dans une matière honnie, vous pouvez vous améliorer.

Stratégie corollaire de la précédente. La peur de l'échec –et de la blessure narcissique qu'il pourrait entraîner peut conduire, paradoxalement, à ne pas mettre toutes les chances de notre côté. Ceci nous permet d'affirmer qu'il s'agit d'une affaire de circonstances extérieures –le prof, la vie– plutôt que d'intelligence. Certains vont même jusqu'à saboter leur propre entreprise « Je savais qu'il ne fallait pas le faire, mais je l'ai quand même fait », sans parler du réveil que l'on oublie de régler, de la cuite que l'on prend avant un examen...

Cette stratégie est très efficace à court terme –pour la sauvegarde de votre amour-propre du moins–, mais dévastatrice sur le long terme, on prend le risque soit d'une remise en cause sur le mode « je suis un raté », soit d'une victimisation « de toute façon, il m'arrive toujours quelque chose » pour éviter toute remise en question des actions menées..

A la fois totalement exact et totalement faux. Le contenu des cours que vous allez suivre vous sera probablement inutile à 80% dans l'exercice quotidien de votre futur métier. Et cela n'a aucune importance. Un cours suivi ne vaut pas que par son contenu: il apprend à penser, à réfléchir, permet d'exercer sa mémoire, sa réflexion critique, son jugement. Il peut même vous faire découvrir des éléments qui vous intéresseront, en dehors de toute préoccupation alimentaire (emploi). Il est inutile de faire des études pour savoir réfléchir, tout comme il est inutile de faire du sport pour avoir une musculature: mais l'entraînement distingue l'amateur du professionnel.

Vous êtes comme tout le monde: le plaisir de la nouveauté vous permet le plus souvent de vous intéresser à ce qui est dit en cours, et donc de le comprendre. Mais, précisément, ce plaisir s'estompe avec le rabâchage, la répétition des exercices. Un cours n'est pas un bouquet de fleurs qui après avoir ébloui est laissé à s'étioler dans un vase. C'est une plante que vous devez arroser et nourrir régulièrement en vous y intéressant, qui perdra parfois son feuillage -période d'assimilation du cours- avant de donner de superbes fleurs, voire des fruits.

Ne confondez pas l'intérêt et la motivation : tout le monde aime découvrir de nouvelles choses, mais apprendre ne se fait pas sans efforts, sans travail et pour cela il faut de la motivation qui se renforce par la conscience de l'utilité de ce que l'on apprend pour la réalisation de son projet futur.

Plus insidieuse et plus sournoise, la peur de la réussite handicape certains d'entre nous.

L'idée d' « aller plus loin », en termes d'études, que ses parents, pose problème à ceux qui inconsciemment y voient une sorte de trahison, de reniement. Parfois ce sont les parents eux-mêmes qui volontairement ou non ont transmis cette vision des choses, par peur d'être méprisés par leurs enfants.« Des études ? Je n'en ai pas eu besoin moi. »

Mais reprendre avec succès des études interrompues dans le passé[1] consiste aussi à trahir l'image de soi à laquelle on était habitué(e), que nous renvoyaient d'autres personnes auxquelles on souhaite inconsciemment rester fidèle. Lorsque l'on s'est répété « de toute façon l'école n'est pas faite pour moi » ou « Si je m'y étais mis avant, j'aurais pu, mais c'est trop tard » pour éviter les regrets, il est très difficile- mais tout à fait possible- de reprendre à zéro, en se disant que l'on n'est plus -nécessairement- plus le/la même qu'à l'époque : votre expérience, votre volonté peuvent vous aider à sortir des vieux schémas de pensée.

Si vous voulez réussir, il vous faut donc repartir sur des bases saines, réinitialiser votre cerveau pour mettre en place un nouveau rapport :

  • au savoir ;

  • aux enseignants qui vous aideront à l'acquérir.

Je ne comprends pas : je travaille tout le temps et je ne progresse pas
  • Qu'appelez-vous travail ?

Avez-vous déjà vu un jeune enfant peiner des mois à dire un mot qu'il estropie avant d'y parvenir ? Si c'est le cas vous aurez peut-être noté qu'il dira peut-être encore les deux formes avant que ne disparaisse la forme fautive

Il faut savoir que la plupart des apprentissages se font par paliers : on ne maîtrise pas et, un jour, s'opère un déclic. Il en ira de même pour vous, une erreur que vous pensiez avoir éliminé peut encore ressurgir avant de disparaître à jamais. Ce n'est pas grave et ne signifie pas que vous êtes stupide : c'est une étape du processus.

Mettez dans l'eau un enfant qui ne sait pas nager avec une planche : il est probable qu'il arrivera à se maintenir à flot et même à avancer : pour autant vous admettrez qu'il ne sait pas nager. Pour ne pas perdre la face, pour faire ce que l'on nous demande, nous bricolons souvent des solutions qui nous permettent de ne pas nous noyer. Le problème c'est qu'elles constituent des béquilles qui nous empêchent d'accéder à une véritable maîtrise –pourquoi changer ce qui ne fonctionne pas si mal ?

D'autant qu'il n'est pas rare que , lorsque l'on accepte finalement de modifier sa –discutable- façon de faire pour en adopter une autre –plus efficace- qu'il y ait un temps de flottement, pendant lequel on ne réussit plus aussi bien qu'avant –on abandonné ses anciennes recettes- et où on ne maîtrise pas la nouvelle technique/ pensez à l'enfant au vélo duquel on a enlevé les petites roues : il tombera certainement bien plus qu'avant, mais in fine il maîtrisera vraiment son engin.

Ceci rejoint ce que nous disions précédemment sur la relation de confiance qui doit s'instaurer entre vous et vos enseignants. Sans elle vous n'accepterez jamais que vous pouvez vous passer des « petites roues »

N'oubliez pas la façon dont fonctionne votre cerveau : vous devez en permanence le re-programmer, pour que change votre manière de voir et de faire. C'est un processus long et qui n'est pas linéaire : des « régressions » sont possibles et ne préjugent pas de vos succès futurs.

Maintenant pour revenir à notre phrase initiale, il existe des gens pour lesquels elle est malheureusement parfaitement vraie. Mais qu'appelle-t-on travail ?

S'il s'agit d'une simple relecture des cours ou des exercices, cela ne suffit pas.

Si c'est « tout le temps » c'est également inutile. Quelle que soi votre –naturellement exceptionnelle– capacité de concentration, il est impossible d'avoir le même degré d'attention : pensez aux pauses qui vous sont recommandées après deux heures de conduite y compris sur l'autoroute, ce qui a priori ne devrait pas constituer un trop gros effort.

Est-ce que ce « tout le temps » est entrecoupé de coups de téléphone, du bavardage de la radio ou de la télévision : j'entends déjà certains d'entre vous me répondre « j'ai besoin d'un fond sonore pour travailler ». Je ne vous répliquerai pas que toutes les études prouvent que ceux qui en ont réussissent moins que ceux qui travaillent dans le silence : elles ne vous convaincraient pas. Mais sachez reconnaître le vrai « fond sonore » : c'est celui que l'on n'entend plus, même s'il est d'un niveau élevé parce que l'on est véritablement absorbé par ce que l'on fait!

  • Qu'appelez-vous travail ? (bis)

Avant de faire quoi que ce soit vous devez d'abord comprendre ce que l'on attend de vous.

  • Quel ensemble de connaissances devez-vous acquérir ? A quel degré de précision ?

  • Quel usage devrez-vous en faire (types d'exercices) ?

  • Quelle transformation cela suppose pour passer de celui qui ignore –tout ou partie– à celui qui sait : c'est-à-dire quelle souffrance vous allez devoir accepter pour vous métamorphoser ?

Vous pourrez ensuite :

Organiser votre travail, ce qui revient à accepter une limitation provisoire de sa liberté pour une plus grande marge de manœuvre sur le long terme.

Combler ses lacunes ce qui suppose de reconnaître que l'on a des progrès à faire, des blocages à surmonter, des entêtements à vaincre et implique humilité et pugnacité contre soi, ainsi que de se confronter pendant un temps certain –celui de ladite amélioration– à une image peu glorieuse de soi. Vous serez en échec sur ces points le temps nécessaire pour combler vos lacunes et serez obligé(e) de le voir au cours de vos nombreux exercices pour vous améliorer.

Vous transformer pour sortir de vos schémas de pensée habituels.

  1. NB

    Ceci s'adresse aux stagiaires de formation continue.

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