Le fonctionnement du cerveau
Il ne s'agit pas de vous faire un cours de neurobiologie, mais vous devez en connaître suffisamment pour que les processus cognitifs –ceux par lesquels vous apprenez – vous soient suffisamment connus pour que vous puissiez agir sur eux.
Vous le savez, les débuts sont souvent optimistes - « cette fois-ci ce sera différent, j'ai appris de mes erreurs» - et malheureusement la routine, a souvent raison des bonnes résolutions -pensez à celle du 1 janvier. Il ne s'agit pas d'une simple aboulie -un manque de volonté qui fait remettre au lendemain. Le problème est qu'il ne suffit pas de désirer réussir, il faut le vouloir, de façon à modifier la façon dont nous agissons et, in fine, fonctionnons.
N'oubliez pas que nous sommes avant tout des êtres vivants cherchant à assurer leur survie au prix de la moindre dépense d'énergie –puisque cette dépense devra être compensée par la consommation de ressources plus ou moins faciles à obtenir. Nous économiser est naturel, indispensable : tout effort doit assurer un gain le justifiant. C'est pour cela que nous visons le meilleur rendement possible dans nos actions.
Il n'y a pas un mais des cerveaux : le cerveau reptilien – le plus ancien dans l'histoire de l'évolution- est celui qui traite les informations en rapport avec notre survie immédiate. Il présente l'avantage de fonctionner très rapidement, sans l'intervention de notre conscience. Le réflexe sauve souvent la vie, parce qu'il garantit une réaction extrêmement rapide dans une situation dangereuse. Il n'y a pas de réflexion, de choix : le temps et l'énergie utilisés alors sont limités. Pendant des millénaires, tout changement était donc potentiellement dangereux, voire mortel, parce qu'il prenait de cours nos ancêtres qui ne disposaient plus de réflexes efficaces. Aussi, la plupart d'entre nous ne redoute rien tant - au moins inconsciemment -que le changement,. La routine peut nous peser, mais elle nous rassure.
Plusieurs problèmes se posent donc à nous :
- Nous croyons le plus souvent agir en obéissant à la partie rationnelle de notre cerveau, alors que dans une situation de stress c'est davantage le cerveau reptilien ou limbique- siège des émotions- qui prend le relai –pour nous « protéger » en allant plus vite : procédure efficace face à un mammouth, ou un rival Cro-magnon, moins devant un examinateur...Voir le chapitre sur le stress
-Nous désirons changer, évoluer, mais notre être, en particulier notre cerveau reptilien, est conditionné pour résister à ce changement, , qui à première vue, ne lui apportera rien. Cela vaut également pour notre cerveau « moderne », habitué à puiser dans le stock des réponses proposées, des comportements déjà rodés. Cela lui évite d'élaborer une nouvelle solution ce qui occasionnerait une dépense énergétique.
Nous avons également beaucoup de mal à agir en fonction du moyen ou du long terme – il n'est que de voir le gouffre entre la conscience généralisée des problèmes d'environnement et nos actions au quotidien. « Aujourd'hui », « demain » s'imposent à nous, « l'an prochain », « dans cinq ans » en revanche, nettement moins. Or les études supposent de se projeter sur le long terme, puisqu'elles ne sont qu'une étape dans un projet de vie.
Avez-vous moins de trente ans ? Votre cortex pré-frontal- n'est sans doute pas encore arrivé à maturation. Cette partie du cerveau, responsable du raisonnement – donner une réponse réfléchie plutôt qu'impulsive- de la planification, permet de supporter les frustrations – inévitables lorsque l'on apprend- de nous adapter aux règles – nécessaires dans le cadre d'un travail scolaire- . C'est donc d'elle que dépend la capacité à accepter qu'il n'y ait pas de rétributions immédiates à nos action , et par conséquent celle de poursuivre un but à moyen ou long terme. Or, à la différence de votre cortex pré-frontal, votre système limbique- liés aux émotions- est lui probablement déjà mature. Vos hormones sexuels connaissant un pic, vos neuromédiateurs comme la sérotonine responsable de l'humeur se multiplient : vous passez plus facilement d'une émotion extrême à une autre. Entre une situation risquée mais riche émotionnellement – fêtes avec des amis une veille d'examens, délaisser ses études pour des sorties, jouer aux jeux vidéos qui procurent un plaisir immédiat- et une situation assurant votre avenir sur le long terme- comme passer la soirée en bibliothèque- vous risquez fort de préférer la première.. Ceci serait encore plus vrai pour les garçons : leur cortex préfrontal et préfrontal dorsolatéral ne se développeraient pas de façon synchrone ce qui augmenterait chez eux la prise de risque. Une remarque en passant sur les jeux-vidéos : la difficulté de l'adolescent et du post-adolescent étant de se motiver, son but étant d'avoir les émotions les plus fortes possibles « « D'après James Bjork, jouer aux jeux vidéo (excitation forte) depuis le canapé (faible effort) est l'activité rêvée pour un adolescent en pleine maturation[1] »
» activité rêvée mais pas souhaitable, évidemment...Le jeu-vidéo est donc un piège de l'évolution : il répond à nos besoins immédiats mais risque à moyen terme de nous barrer la route si nous ne savons échapper à ses charmes...
Il n'y a pas, pour autant de fatalité : certains adolescents et jeunes adultes arrivent à se discipliner et –ce faisant- modèlent leur cortex pré-frontal, se rendant capables de se concentrer et de faire passer le travail avant le plaisir. C'est par vos choix, durant vos études, que vous allez modifier vous-mêmes votre cerveau, vous habituer à un certain fonctionnement. Chaque action sage accomplie rendra –un peu- moins difficile la suivante. C'est le principe des thérapies comportementales- agir influence le cerveau par rétroaction. Il ne s'agit pas de vous muer en ascètes, mais d'accepter la frustration provisoire pour atteindre votre but, tout en ayant conscience que vous devez combattre la partie de vous-mêmes la plus archaïque et immature. –le système limbique. Pour ce faire, à vous de changer également votre rapport à l'apprentissage : vous aimez les défis, les jeux ? Si vous appartenez à un groupe de travail, rien ne vous empêche pour les révisions de transformer la séance de travail en compétition où vous vous interrogez les uns les autres avec désignation des champions. Une fois que vous savez comment vous fonctionnez, à vous de ruser avec le déterminisme biologique...