La découverte de l'insuline

Le diabète sucré (Diabetes Mellitus) est une pathologie connue du corps médical depuis quelques milliers d'années. Les allusions à cette maladie peuvent être trouvées dans les écrits anciens dans lesquels elle apparaît sous le vocable grec « diabetes » qui signifie « qui traverse », par référence à la forte production d'urine elle-même liée à une soif constante qui caractérisent le diabète. Le terme « mellitus », du latin miel ou sucre, lui fut associé lorsque les médecins réalisèrent que l'urine des diabétiques était chargée en sucre. En 1670 le médecin britannique Thomas Willis a introduit le test gustatif longtemps utilisé par la suite pour diagnostiquer le diabète sucré. La corrélation entre diabète et dysfonctionnement pancréatique a été démontrée par une longue série d'observations et découvertes. C'est d'abord l'allemand Paul Langerhans qui, en 1869, a montré l'existence de deux compartiments dans le pancréas : d'une part le compartiment acineux élaborant le « suc » pancréatique et d'autre part, les îlots cellulaires dont il ignorait la fonction. En 1889, Minkowski et von Mering démontrèrent, chez le chien privé de pancréas, l'intervention de cet organe dans la régulation de la glycémie. C'est en 1893, que Laguesse rapprocha les deux résultats et suggéra que les îlots de cellules découverts par Langerhans pourraient sécréter une substance intervenant dans le métabolisme des glucides (fonction non-exocrine). En 1910, Sharpey-Shafer a concrétisé la suggestion de Laguesse et montré en effet que le pancréas a deux fonctions sécrétrices ; externe (exocrine) et interne (endocrine). Pour cette découverte, Sharpey-Shafer peut être considéré comme l'un des pères de la science Endocrinologie.

RemarqueLa naissance de l'Endocrinologie

« ...De plus, certaines glandes importantes qui sont pourvues de canaux, possèdent non seulement la faculté de produire une sécrétion externe, mais ont de façon également importante, sinon même plus importante, des fonctions liées à une sécrétion interne. Ainsi, le foie comme le pancréas sont essentiels à la survie, aussi bien en raison de leurs sécrétions internes qu'ils libèrent dans le sang que de leurs sécrétions externes bien mieux connues. La preuve de ceci est absolue. L'entière extirpation de ces organes cause la mort et ceci est dû à la suppression de l'influence qu'ils exercent sur le métabolisme corporel, par privation de leurs sécrétions internes et pas nécessairement par privation de leurs sécrétions externes : dans le cas du foie, il est bien connu que la bile peut être détournée par une fistule sans sérieuse conséquence sur les fonctions vitales et la même chose est vraie pour le suc pancréatique »

A E Sharpey-Schafer, Address to the British Medical Association in Physiology, London, 2 August 1895 « On Internal Secretions ».

Par ses études, Sharpey-Shafer suggéra à son tour que le pancréas des diabétiques manquait d'une seule substance chimique, produite dans les îlots endocrines et qu'il proposa donc d'appeler insuline (du latin insula = île). Aux alentours de 1920 les travaux de Banting and Best (avec l'aide de Collip) dans le laboratoire de McLeod à Toronto, Canada, ont montré que les extraits pancréatiques étaient capables de compenser le diabète chez le chien dépancréatisé puis, plus tard, chez un enfant diabétique. En 1922, dans ces extraits le principe actif a été identifié, et nommé insuline en référence à la proposition de Sharpey-Shafer. Une nouvelle thérapie antidiabétique révolutionnaire pouvait être ainsi mise en place. Banting et McLeod ont reçu le prix Nobel en 1923 .